J’aurais voulu
Que nous nous soyons aimés
Au temps de nos enfances…
De ton enfance, là-bas…
Dans tes vastes plaines aux ciels lourds
Nous aurions couru
À s’en briser le coeur
En sang sur les terres rouges
À s’en briser le coeur
Comme se brisent les coeurs d’enfants
Juste pour rire…
Tu aurais fait le grand
Et tu aurais serré bien fort ma main
Quand d’aventure
J’aurais frémi sous un nuage…
Mais nous en aurions souri des orages
Et des averses caniculaires
Nous en aurions souri des tornades
Quand elles dansent nues
Au milieu de la prairie
Mais j’aurais fait semblant d’avoir un peu peur
Pour que tu m’embrasses
Sous un arbre foudroyé
Où chantent des corbeaux blancs.
J’aurais essuyé la morve de ton nez
Avec mon mouchoir sale
Et j’aurais essayé de recoudre le bouton
De ton short déchiré.
Tu aurais baptisé une étoile à mon nom
Nous aurions apprivoisé un serpent aux yeux doux
Et un soir d’amour fou
Tu m’aurais offert
Ton petit indien cherokee en plastique…
Puis, un jour
Tu serais parti vers le nord
Me laissant les blés en héritage
La poussière des chemins
Et les ciels divinatoires
Tu serais parti
J’aurais marié un paysan okie
Aux mains d’ocre et au coeur de barbelés
Qui n’aurait jamais su
Pour la danse des tornades
Et le nom de l’étoile.Mon premier-né aurait eu ton prénom
Et quand il aurait été en âge
Le petit indien cherokee…
Mêle et Ancolies 